En d’autres termes, nos cultures (nationales, régionales, religieuses, professionnelles, familiales etc…) sont-elles suffisamment puissantes pour façonner notre « moi » et, partant, notre relation à autrui et au monde ?
Dit comme cela, on serait bien tenté de répondre par l’affirmative, avec quelques raisons. Difficile en effet de contester le caractère éminemment culturel de l’identité.
Doit-on s’arrêter là et considérer que les déterminismes culturels sont indépassables ?
Notre serveur français vise donc certainement juste lorsqu’il évoque le facteur culturel à l’œuvre dans ses déboires professionnels. Nous n’avons certainement pas les mêmes conceptions de la politesse, du respect, de l’agressivité, etc.
Et de fait, les Français à l’étranger sont souvent perçus comme des personnes aux opinions tranchées frisant (pour le moins) l’arrogance. Inutile de développer, tous ceux qui évoluent en milieu interculturel ont quantité d’anecdotes à raconter sur ce compte.
Dans un cas comme dans l’autre, il est en réalité question de l’autonomie du sujet, idée maîtresse de la philosophe occidentale. C’est bien cette autonomie que l’église tentait hier d’entraver et c’est bien encore celle-ci que notre ami serveur (ou son avocat) semble aujourd’hui vouloir minimiser. Mais si la culture devait à ce point déterminer nos comportements et réactions individuels, ce serait reconnaître que nous y sommes totalement soumis et liquider toute possibilité de l’agir.
Cette conception essentialiste de la culture est malheureusement très répandue. Combien de fatalistes « c’est dans leur culture » entendons-nous au quotidien ? Là encore, il ne s’agit pas de nier les traits ou caractéristiques culturels, parfois si utiles dans notre approche de l’altérité. Mais ils ne doivent pas nous autoriser à ignorer la réalité infiniment plus complexe de l’Autre, tout comme ils ne peuvent servir, comme dans le cas présent, de commode paravent.
Et puis enfin, si c’est réellement « la faute à la culture », alors c’est plutôt contre elle qu’il faut ici porter plainte !
Quant à juger des « standards élevés » de l’industrie hôtelière française comparativement à ceux en vigueur outre-Atlantique, c’est un autre débat…
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